La directive illégale émanant du Ministre de la Sécurité Publique, Amir Ohana, de ne pas vacciner les prisonniers, a été un scandale, même pour le Procureur général Avichai Mendelblit.
Comme s’il désobéissait manifestement à un ordre militaire, Mendelblit a donné l’instruction au service des prisons de commencer immédiatement la vaccination des prisonniers de 60 ans et plus, et d’ignorer l’instruction honteuse émanant de Ohana – directive dont Mendelblit déclare qu’elle a été publiée sans aucune autorisation. En d’autres mots, le procureur général a ordonné au service des prisons de refuser d’exécuter les instructions du ministre en charge de celui-ci.
Vendredi, dans une lettre, Mendelblit a écrit que, pour démarrer l’administration des vaccins, le service des prisons ne doit pas attendre que les audiences relatives aux requêtes contre la décision criminelle de Ohana commencent devant la Haute Cour de Justice. « Je tiens à souligner que l’obligation d’agir selon la loi existe à tous moments et ne dépend pas d’une requête en cours d’examen », a écrit Mendelblit, en agissant de manière à ce que le gouvernement ne viole pas la loi à cause d’une directive douteuse émanant d’un ministre intoxiqué par le pouvoir.
Il est évident que Mendelblit s’éloigne beaucoup de son chemin non seulement de façon que le service des prisons lance le processus de vaccination, mais aussi pour dégager le gouvernement de toute responsabilité dans la décision de Ohana. Il a rejeté la demande de Ohana de bénéficier d’une représentation juridique distincte dans les requêtes contre sa décision criminelle.
Dans sa lettre, Mendelblit explique qu’étant donné que Ohana n’a fourni aucune source d’autorité pour sa décision, il ne s’agit pas d’un cas exceptionnel, qui « pourrait justifier la présentation d’une situation juridique supplémentaire au tribunal par le biais d’une représentation séparée ». Le message est clair : la position de Ohana ne représente pas celle de l’état, et elle ne peut être défendue.
Le sentiment d’urgence de Mendelblit est justifié. A compter de vendredi, plus de 160 prisonniers d’un certain nombre de prisons ont récemment contracté la COVID-19, et un nombre analogue de gardiens de prison sont tombés malades. Mardi, la Haute Cour entendra les requêtes contre la décision de Ohana émanant des prisonniers, des associations de défense des droits et de l’association du barreau. Le Président Reuven Rivlin s’est aussi exprimé. « Priver des personnes en prison d’un traitement médical qui pourrait leur sauver la vie ... n’est pas à la hauteur de nos valeurs », a-t-il écrit.
Le service des prisons doit refuser d’exécuter la directive de Ohana et vacciner les prisonniers conformément à la santé et à d’autres considérations pertinentes, ainsi que l’a remarqué le Ministre de la Santé. La nouvelle commissaire des prisons doit savoir qu’elle exécute un ordre illégal dont le procureur général a statué qu’il a été émis sans autorisation.
Le médecins du service des prisons et leur médecin en chef, qui ne font que suivre les ordres de leur ministre, doivent se souvenir qu’ils ne sont pas exempts de responsabilité quant à cette injustice. De plus, selon le serment qu’ils ont prêté en tant que médecins, ils sont requis de protéger le bien-être des prisonniers.
Etant donné les circonstances, dans un pays normal le premier ministre aurait été obligé de congédier immédiatement Ohana, dont le comportement criminel met des vies en danger et fait du pays un complice du crime.
L’article ci-dessus est l’éditorial principal de Haaretz, tel que publié dans les journaux en hébreu et en anglais d’Israël.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT prisonniers de l’AFPS